Parce que je t'aime

Guillaume MUSSO


// Il ne faut pas trop se protéger, sinon on ne ressent plus rien. Notre coeur devient de glace, on n'est plus qu'un mort vivant et la vie perd à jamais toute saveur.

// En trois ans, la société de communication avait manifestement franchi un nouveau palier. Bientôt, les gens se feraient greffer une oreillette permanente pour continuer à téléphoner dans leur sommeil, dans leurs rêves, dans leurs parties de jambes en l'air... On n'avait jamais autant communiqué, on ne s'était jamais aussi peu écouté.

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Black

BUSTY


// Parce que je suis chiante, une source constante d'embrouilles, toujours un peu raide - si j'étais une note de musique, je serais toujours un peu au-dessus, toujours un peu fausse -, et puis toujours à forcer les choses et le trait, je n'accepte rien comme ça vient, je veux toujours qu'on soit mieux, bien ne suffit pas. Pourquoi, je n'en sais rien.

// Elle n'arrivait pas à savoir s'il pensait vraiment ce qu'il disait, combien de temps il le penserait, et si, effectivement, il interviendrait auprès d'Amy. Il changeait d'avis comme de chemise, et de toute manière disait beaucoup de choses uniquement pour plaire à son interlocuteur. Et parfois uniquement pour lui déplaire.

// Les couloirs étaient très silencieux. Amy n'aimait pas trop leur couleur écrue. Larges baies vitrées mises à part, on se serait cru à l'hôpital. Quelle idée de grassement payer un designer pour se retrouver avec un résultat plus proche d'une prison pour cancéreux que d'un hôtel de luxe.

// "Ma collègue arrive. Je me permets de vous rappeler néanmoins qu'il est interdit de fumer dans l'ensemble de l'hôtel."
Amy le regarda dans les yeux.
"Mais je serai ravie de payer l'amende"

// Cendrillon, dégage, Prince Charmant, épouse-moi !

// Il faisait chaud, ce serait facile de sortir, pas de différence de température entre l'intérieur et l'extérieur, pas de distinction.


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Midnight Examiner

William KOTZWINKLE


// En dépit du courrier sympathique qui nous rapprochait, je ne connaissais pas vraiment la lectrice de Ladies Own Monthly, mais imaginais une femme en soutien-gorge d'hypermarché incapable de concevoir une salle de bain sans un cache-rouleau en tricot et une bête en faïence à la gueule béante en guise de porte-savon, exprimant sa nature profonde sur des coussins brodés de phrases d'une rare originalité, style "La Plus Belle Des Mamans".

// Ce soir-là, pour la première fois, notre ami Crumpacker s'était joint à nous, longs doigts délicatement lovés autour d'un martini. La lumière du bar lui donnait un air encore plus élégant que d'ordinaire, tandis qu'à l'inverse, j'étais avachi sur mon tabouret avec mon pauvre complet froissé totalement démodé.

// Arrivé dans le hall, je franchis prudemment l'espace qui me séparait de la cage d'ascenseur, enfonçai le bouton, entrai dans la cabine. Le plafond était orné d'un miroir, instant frivole dans la terne carrière d'un concepteur d'ascenseur.

// Il vous faut des rideaux en taffetas jaune, le jaune éclaircit les idées et facilite la communication. C'est bien votre bureau, n'est-ce pas ? Le jaune est donc essentiel (...) je peux vous assurer que, non seulement le jaune est un relaxant intellectuel, mais qu'il contribue également à une meilleure digestion.


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Découverte inopinée d'un vrai métier

Stefan ZWEIG


Seconde merveille de cette journée d'avril bénie : arrivé tôt, je n'avais pas de rendez-vous jusque tard dans l'après-midi. Pas un seul des quatre millions et demi de Parisiens ne se doutait de ma présence ni ne m'attendait, j'étais donc divinement libre de faire ce qui me plaisait.


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Maman a tort

Michel BUSSI


// Marianne se connaissait, elle n'allait pas fermer l'oeil jusqu'au lendemain matin. Elle allait seulement somnoler, de la baignoire au canapé, du canapé au lit, en espérant avoir à bondir en pleine nuit, attraper au vol son cuir et laisser derrière elle le lit froissé, les lumières allumées, son Tupperware de bouffe et son verre de Quézac face à la télé en veille, juste le temps de balancer une poignée de croquettes à Mogwai, son chat d'appartement, croisement fainéant entre un Lee-Brown et un gouttière. Un "lee-tière"... Elle avait inventé la marque !

// Aujourd'hui le type devant moi à la banque a déposé un chèque de 127 000 euros. Envie de tuer. Je draguerai sa veuve.

// Aujourd'hui, réveillon du 24 décembre, ce connard barbu s'est pointé sans iPhone 6, sans iPad, sans Nintendo DS, mais avec un séjour linguistique à Francfort et un abonnement à Acadomia. Envie de tuer. Ma petite soeur n'a même pas eu le temps de croire au père Noël. Il crame dans la cheminée avec sa hotte.

// Elle devait faire le point, à la vitesse d'un ordinateur qui claque une bonne réponse dans les secondes qui suivent la touche Return.

// Papy aimait bien refaire le monde, tout seul, dans sa tête, sans personne pour le contredire. Pas même ce GPS à voix mielleuse qui lui indiquait des routes qui n'existaient plus et lui ordonnait de "faire demi-tour immédiatement". Connasse !


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La Voleuse de livres

Markus ZUSAK


// Quand une femme à la poigne de fer vous dit d'aller nettoyer le crachat sur la porte, vous y allez. Surtout quand le fer à repasser en question est chaud. La routine, en quelque sorte.

// Evidemment, c'est très impoli de ma part. Je suis en train de gâcher non seulement le dénouement du livre, mais la fin de ce passage particulier. Je vous ai annoncé deux événements, parce que mon but n'est pas de créer le suspense. Le mystère m'ennuie. Il m'assomme. Je sais ce qui se passe, et du coup vous aussi. Non, ce qui m'agace, me trouble, m'intéresse et me stupéfie, ce sont les intrigues qui nous y conduisent.

// Quelques petites vérités (sur la mort).
Je n'ai pas de faux, ni de faucille. Je ne porte une robe noire à capuche que lorsqu'il fait froid. Et je n'ai pas cette tête de squelette que vous semblez prendre plaisir à m'attribuer. Vous voulez savoir à quoi je ressemble vraiment ? Je vais vous aider. Allez vous chercher un miroir pendant que je poursuis.

// Le soleil fait bouillonner la terre. Il nous touille comme un ragoût dans une marmite.


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L'avocat, le nain et la princesse masquée

Paul COLIZE


// Je somnolai une partie de l'après-midi devant un vieil épisode d'un série américaine dans lequel Betty expliquait à Janice que John ne savait pas que la femme de Steve avait eu une relation avec le frère de Walter.

// Sa confession sonnait aussi faux qu'une pièce de trois euros.

// Je vais voir dire un truc. Sans mariage, il n'y aurait jamais eu de divorce. Les gens se sépareraient. Point. Certains chialeraient, d'autres s'engueuleraient. Après ça, la vie continuerait. Je ne dis pas qu'il n'y aurait pas un meurtre ou un suicide de temps en temps, mais ce serait rare. En tout cas, il n'y aurait pas ces discussions merdiques, ces règlements de comptes à la con, ces polémiques pourries, ces déballages impitoyables et ces tentatives de réconciliation stériles.


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Bernadette a disparu

Maria SEMPLE


// Vous savez ce que c'est quand vous allez chez Ikéa, vous n'en croyez pas vos yeux de voir combien les prix sont ridicules, et, même si vous n'avez pas besoin de cent bougies chauffe-plat, le lot ne coûte que 99 cents ! Ou encore, ces petits coussins pleins de billes en je ne sais quelle matière toxique, ils sont si pimpants, et il y en a trois pour 5 dollars, et avant même de vous en rendre compte, vous avez dépensé 500 dollars, non parce que vous avez besoin de toute cette camelote, mais seulement parce que ce n'est pas cher !

// Il y a un an que je n'étais pas descendue en ville. Je me suis tout de suite souvenue pourquoi : le stationnement payant.
Non seulement il faut réussir à trouver une place (bonne chance !), se garer en épi en marche arrière (celui qui a inventé cette technique devrait être jetté en prison), trouver un horodateur qui n'est pas assiégé par un cercle aussi répugnant de mendiants / clochards / drogués / zonards, ce qui vous oblige à traverser la rue, or vous avez oublié votre parapluie (c'est encore une fois vos cheveux qui trinquent,  mais bon, comme vous avez arrêté de vous préoccuper de votre coiffure vers la fin du siècle dernier, c'est le cadet de vos soucis), ensuite vous glissez votre carte bancaire dans la machine (c'est un petit miracle si vous réussissez à en trouver une qui n'a pas été bouchée à l'époxy par quelque mécontent malintentionné), vous retournez à votre voiture (en repassant devant la horde susmentionnée, qui vous interpelle parce que vous ne leur avez pas donné la pièce en arrivant - et, oh, j'ai oublié de dire qu'ils sont tous flanqués de chiens galeux !), vous déposez le ticket à la bonne place (faut-il le mettre côté passager, à cause de la règle de l'épi en marche arrière, ou du côté conducteur ? Je lirais bien la note inscrite au revers du ticket de stationnement, seulement je ne peux pas, car FRANCHEMENT QUI EMPORTE SES LUNETTES POUR VOIR DE PRES POUR SE GARER ?) et, pour courroner le tout, vous priez le dieu auquel vous ne croyez pas d'avoir encore la capacité mentale de vous souvenir de la raison pour laquelle vous êtes descendue en ville en premier lieu.

// Paul,
Bonjour de Seattle l'Ensoleillé ou les femmes sont des "nénettes", les gens des "gars", où quand vous êtes fatigués vous êtes "nases", où quand les choses vont de travers elles sont "nasebroques", où on ne se dit pas "au revoir" mais "à plus", où vous avez le droit de lever le coude, mais pas de vous moucher avec, et où toute demande raisonnable ou pas, est accueillie par un "Z'inquiétez pas".

// Tu te demandes sans doute ce que je peux faire depuis vingt ans. Eh bien, j'ai résolu le dilemme entre espace privé et espace partagé dans la maison familiale.
Je plaisante ! Je passe mon temps à commander des conneries sur Internet.

// Luke et Mae nous ont fait un spectacle de marionnettes sur la drogue. Et il y avait cet âne qui disait comme ça : "Mais non, un petit pétard, ça fait pas de mal." Alors l'agneau lui répond que la vie est un bon petit plat, et que le pétard, c'est du caca. Et si on met un tout petit bout de caca dans le plat, même en mélangeant bien, est-ce qu'après vous aurez encore envie d'en manger ?

// "Très bien. Je prends les deux tiroirs du haut et toi les deux du bas. Je prends ce côté-ci du placard, et toi l'autre. Génial ! Il y a deux tiroirs dans la salle de bains. Je prends celui du haut.
- T'es pas obligé de faire des commentaires sur le moindre petit truc ennuyeux que tu fais, tu sais, j'ai répliqué. C'est pas un match de curling pour les JO. Tu es juste en train de défaire une valise."


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Comment se sortir d'une poupée gonflable et de beaucoup d'autres ennuis encore

Tom SHARPE


Elle achèterait avec joie des harengs pourris si un clown à la coule lui expliquait que c'est chic. Tu parles d'une gobes-mouches !


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La femme qui décida de passer une année au lit

Sue TOWNSEND


// - Thé ? Café ? (...)
- Boire, boire, toujours boire ! C'est quoi cette obsession ? Vous savez quelle quantité d'énergie thermique est gaspillée pour faire une seule tasse de thé ? Non, évidemment, vous ne pouvez pas comprendre. Mais je vous le dis, c'est énorme ! Multipliez ça par soixante quinze millions, le nombre d'habitants en Angleterre, et le chiffre est encore plus gigantesque ! Et je ne vous parle même pas du temps qu'on perd à attendre que l'eau bouille, que le brevage refroidisse et qu'il soit bu à petites gorgées.
Pendant ce temps, sur les lieux de travail, les machines sont éteintes, il n'y a personne pour regarnir les rayons des supermarchés, les camions sont garés sur des aires de repos. Et les syndicats avec leur sacro-sainte pause thé !

// Elle prit la carte de visite qu'il lui avait donnée et composa le numéro sur son portable. Il répondit immédiatement - et illégalement - tandis qu'il roulait à cent quarante kilomètres à l'heure sur la file du milieu de la M1 en direction du Sud.

// Pourquoi est-ce qu'on m'offre toujours ces gadgets ? (...) Je serais plus heureuse avec un téléphone comme ceux qu'on avait quand j'étais enfant. un objet énorme posé sur la table de l'entrée. Il sonnait si fort qu'on l'entendait dans toute la maison et dans le jardin. Et il sonnait seulement quand on avait quelque chose d'important à dire. Quelqu'un était malade. Un rendez-vous devait être reporté. Ou alors, la personne malade était morte. Maintenant, les gens téléphonent pour dire qu'ils sont arrivés au Mc Do et qu'ils vont commander un cheeseburger avec des frittes.

// Elle se demanda s'il était possible qu'un homme et une femme soient parfaitement heureux ensemble. Autrefois, lorsqu'ils invitaient des gens à dîner - sur l'insistance de Brian - , tout le monde commençait bien la soirée en général. Mais avant qu'Eva serve ses profiteroles maison, il n'était pas rare que l'on assiste entre l'un des couples mariés à des prises de bec et à des chamailleries mesquines, chacun reprenant son partenaire, mettant en doute la véracité de ses annecdotes et le contredisant sur d'absurdes détails "Non, c'était mercredi, pas jeudi. Et tu portais ton costume bleu, pas le gris !" Ils partaient tôt, crispés et raides comme des statues de l'île de Paques.


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Le dîner

Herman KOCH


// C'est comme les revolvers dans une pièce de théâtre : quand on le montre au premier acte, on peut être certain qu'il va servir au dernier. Telle est la loi de la dramaturgie. Cette même loi exige d'ailleurs que l'on ne montre pas de revolver si l'on ne s'en sert pas.

// On entend parfois des gens dire qu'ils perdent l'odorat ou le goût : pour ces personnes, une assiette contenant la plus succulente des nourritures n'a plus de sens. C'est ainsi que je voyais la vie parfois, comme un plat chaud qui devient froid. Je savais qu'il me fallait manger pour ne pas mourir, mais je n'avais plus d'appétit.


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Je n'étais qu'un fou

Thierry COHEN


// C'est l'accessibilité qui a tué le star-system ! Avant, une personnalité du show-biz était intouchable. Elle vivait dans un monde à part, une dimension parallèle et cela faisait rêver les gens. Quand j'étais petit j'adulais certaines vedettes. Je regardais leurs rares photos avec dévotion et imaginais leur vie. C'était des stars ! Des étoiles brillant dans l'immensité du ciel, des demi-dieux, et moi j'étais là, épris d'amour, la tête levée et je rêvais. Avec le développement des médias et l'arrivée d'Internet on a commencé à en raconter plus, à en montrer plus. Puis la vie des vedettes est devenue un show permanent. On sait comment elles vivent, avec qui elles couchent, ce qu'elles mangent... Fini le mystère !
Elles sont devenues des personnes banales, qui rient, pleurent, baisent, et chient ! Non mais tu te rends compte ! Les stars vont aux toilettes comme toi et moi ! Et ce nivellement par le bas a conduit à ériger au rang de vedettes de parfaits inconnus, incapables de faire quoi que ce soit de leur vie ni même prononcer une seule phrase sans faire de fautes. Maintenant, n'importe quel gamin pense qu'il mérite de faire partie du show-biz, de passer à la télé, de voir sa tronche dans les journaux et ne respecte pas les vrais artistes, ceux qui sont arrivés au faîte de la notoriété à force de talent et de travail.

// Et si toute cette histoire était vraie ? S'il s'agissait réellement de moi (dans le futur) ? Après tout, que savait-on des possibilités qu'offrirait la science dans vingt ans ? Qui aurait pu concevoir, quelques décennies auparavant, qu'il serait possible d'envoyer des fichiers, des textes, des vidéos en quelques secondes à l'autre bout du monde ? De téléphoner avec un petit instrument capable de remplacer un appareil photo, un caméscope, un agenda, les plans de rues de l'ensemble du pays et tant de choses encore ?

// Le président Truman a dit : "Un pessimiste fait de ses occasions des difficultés, et un optimiste fait de ses difficultés des occasions".


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San-Antonio : Le Loup habillé en grand-mère

Frédéric DARD


// Perplexe, San-Antonio s'assied sur le coin du bureau et fait ce que font tous les miroirs normalement constitué : il réfléchit.

// Quoi ? That is the question, comme disent les espagnols quand ils parlent couramment allemand.


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Charlie

Stephen KING


// Puisque le présent n'offrait aucune solution, il glissa dans le passé.

// Etait-ce cela devenir adulte ? S'arranger avec la peine ? Payer le prix ? En ce cas elle espérait rester qu'elle mourrait jeune.


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Guess, l'Escorte

Season CANAHAIT


// Attention : certaines expressions ou sujets abordés ne conviendraient pas aux enfants de moins de 13 ans. Ce récit n'est pas à prendre au premier degré. Ce récit n'est pas purement fictif, toute correspondance avec des personnes réelles ou des faits connus ne serait pas fortuite. Et l'auteur sait pertinemment que certaines blagues sont de TRES mauvais goût. Il semblerait qu'il ne tienne pas à s'en excuser. Merci de votre compréhension.

// Sans déconner, vous ne trouvez pas que l'être humain est bizarrement fait ? On pète un câble si on doit attendre plus de cinq minutes pour télécharger un film de trois heures, alors qu'on est capable de patienter (avec le sourire) pendant trois heures pour une attraction de cinq minutes. Y'a pas un problème dans l'énoncé ? N'en parlons plus.


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Un oiseau blanc dans le blizzard

Laura KASISCHKE


// Je me souvins alors des adages amers que ma mère proférait à propos de la neige, des phrases qu'elle tenait de sa propre mère. "C'est la femme du fermier dans le ciel, qui plume une poule blanche" ou bien "Dieu est encore en train de battre des anges".

// Pourquoi faisons-nous des rêves étranges ? Pourquoi le sommeil n'éteint-il pas nos cerveaux, comme on éteint une lampe ?
Au lieu de cela, partout dans Garden Heights, des banquiers, des avocats, des femmes au foyer participent à des orgies, parlent aux morts, survolent leur propre maison, complètement nus, équipés de grandes ailes, et puis tout est oublié, tout redevient normal et le plombier appelle pour dire qu'il sera un peu en retard.
Comment arrivons-nous à sortir du lit le matin, à nous regarder les uns les autres, à organiser nos journées ordinaires en sachant d'où nous revenons et où nous ne tarderons pas à retourner ?


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Famille modèle

Eric PUCHNER


// Au moins elle avait une certitude. Elle voulait rester en vie. Danser sous le jet de l'arrosage automatique. Goûter à la cocaïne. Respirer l'odeur d'une serviette éponge au sortir du sèche-linge. Rembobiner une cassette avec son petit doigt. Jeter de la neige depuis le télésiège sur des skieurs sans méfiance. Lire Ulysse de Joyce. S'abrutir avec les dernières chansons à succès. Tant pis si elles étaient nulles. Elle voulait écouter la prochaine, celle d'après.

// Au pays des oiseaux sous-marins, tout est inversé. Par exemple, les poissons volent dans le ciel et font leur nid dans les arbres. Les moufettes sentent aussi bon que des fleurs. Lorsqu'ils se marient, es gens disent : Je te hais. Le prêtre annonce : Vous pouvez maintenant donner un coup de poing à la mariée. Les filles font pipi debout. Au pays des oiseaux sous-marins, c'est en courant le plus lentement qu'on gagne aux Jeux Olympiques. L'enfance est e pire moment de la vie, plus on vieillit, plus on devient heureux. Et puis c'est avant la naissance qu'on va au paradis. Quand quelqu'un meurt, on distribue des cigares. Au pays des oiseaux sous-marins, il y a un proverbe qui dit : Des chez-soi, on en a des millions.

// Tu as la vie devant toi, aimaient à dire les gens. A vrai dire, la vie passait vite, en un éclair, et presque chaque acte était une erreur.


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La femme au miroir

Eric-Emmanuel SCHMITT


// Je pourrais presque m'établir romancière si j'avais reçu le talent de transformer mon malaise en phrases.

// Rassure-toi, ma Gretchen, je t'épargne les détails. Tout dire suscite l'ennui.

// Pourquoi a-t-on inventé le cinéma ? Pour persuader les gens que la vie a la forme d'une histoire. Pour prétendre que, parmi les événements désordonnés que nous subissons il y a un début, un milieu, une fin. Ca remplace les religions, le cinéma, ça met de l'ordre dans le chaos, ça introduit de la raison dans l'absurde.

// Selon elle ça sent l'arnaque, cette folie du bambou : comment parvient-on à produire de larges planches plates avec une tige ronde ? Faudra quand même qu'on m'explique. Et le dentifrice ? Comment s'arrange-t-on pour glisser des rayures rouges dans une pâte blanche ? Sans que le blanc et le rouge se mélangent jusqu'à la fin du tube... Le monde recèle de tant de mystères.


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Nymphéas noirs

Michel BUSSI


// Je reste là longtemps, à savourer le calme éphémère, je ne sais pas combien de temps, plusieurs minutes au moins jusqu'à ce qu'arrive un joggeur. Il passe devant moi, MP3 vissé sur les oreilles. Tee-shirt. Baskets. Il a surgi dans la prairie comme un anachronisme. Il est le premier de la journée à venir gâcher le tableau, tous les autres suivront. Je lui adresse juste un petit signe de tête, il me le rend et s'éloigne dans un grésillement de cigales électroniques qui s'échappent de ses écouteurs.

// Une vie, tu sais, Fanette, c'est juste deux ou trois occasions à ne pas laisser passer.

// J'ai mon idée, coupe Fanette. Je vais peindre des "Nymphéas" ! Mais pas de façon vieillard, à la Monet. Je vais peindre des "Nymphéas" de jeune !

// Je m'arrête devant le Baiser. Je ne vous parle pas de cette étreinte en paillettes de Klimt, bien entendu, cette espèce d'affiche pour parfum capiteux. Non. Je parle du Baiser de Steinlein.



















Le Baiser, Steinlein


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Saga

Tonino BENACQUISTA


// Hormis Dieu et les scénaristes, a demandé le Vieux, vous connaissez d'autres boulots où l'on façonne les destins ?

// Quand arrive l'heure de nous séparer, j'hésite à retourner vers Charlotte. Comme chaque soir, nous serons incapables de jouer au petit couple curieux du quotidien de l'autre. Pour combler des silences je vais me sentir obligé d'écouter ses anecdotes de bureau.
Et je ne lui connais qu'un seul défaut : elle n'a pas le moindre talent de conteuse. Elle sait rendre monotone une engueulade avec une collègue. Elle évoque une foule d'inconnus dont je suis censé tout connaître, elle mélange le passé immédiat et le futur proche. Elle tente allégrement des ellipses impossibles, elle commence par l'analyse au lieu de la synthèse, elle met les points forts là où ne gît que quotidien, et si parfois il lui arrive de passer tout près du sublime, c'est faute de l'avoir vu.
Elle est persuadé de captiver l'auditoire et y parvient, malgré tout, parce qu'elle est belle, outrageusement belle, quand elle tombe à côté de la plaque.

// Un deuxième enfant... Nous sommes en train de parler d'une vraie vie ! Une décision cruciale, des semaines d'espoir, des mois de gestation, des préparatifs incroyables, un investissement moral et psychologique, il faut tout ça pour créer quelqu'un ! Ce quelqu'un en a, en moyenne, pour soixante-quinze ans d'espérance de vie. Et cette vie ne sera sans doute qu'une suite de petites étapes rituelles, bonnes et mauvaises. Pas de mystère lourd à porter, pas d'amour fiévreux et désespéré, pas d'héroïsme universel, pas de péripéties rocambolesques, rien que la vie, tissée jour après jour. CA c'est de la création de personnage.

// Si l'on peut jeter sa télé aux orties, on ne peut pas se passer de films. Personne n'a encore trouvé mieux que ces deux petites heures de bonheur pour s'entendre raconter une histoire.

// Un personnage ne doit jamais être le même à la fin qu'au début. Sinon on se demande à quoi ça a servi qu'il vive tout ce bordel.


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Miséricorde

Jussi ALDER OLSEN


Derrière ses lèvres, apparurent des dents plus blanches que celles de Lis, du deuxième étage. C'était rare à notre époque ou le vin rouge et la caféine ternissent le sourire de la plupart des gens.


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Malavita encore

Tonino BENACQUISTA


// Et puis tu deviens adulte, et tu te dis : les hommes et les femmes c'est exactement pareil. On cherche les mêmes choses. Un job qui nous donne envie de nous lever le matin et une maison qui nous donne envie de rentrer le soir.

// Crois-en mon expérience : choisis-toi une femme avec laquelle tu es complémentaire sur le poulet. Si tu aimes le blanc, vis avec une femme qui aime la cuisse, ou inversement si vous aimez tous les deux le blanc, ça ne collera jamais.


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Haka

Caryl FEREY


L'infirmière le salua d'un air coincé. Pas le genre de visage qu'on aimerait voir devant son bol de café le matin.


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Prisonniers du paradis

Arto PAASILINNA


Les deux personnages sont coincés sur une île déserte depuis 6 mois, le livre date de 1974 !

- Est-ce bien raisonnable de se donner tant de mal pour partir d'ici ? Il me semble que cette île serait un endroit idéal pour passer agréablement les années de vie qui nous reste.

Il déclara qu'il ne comprenait pas pourquoi nous tenions tant que ça à retourner dans un monde déchiré par les guerres, pour payer des impôts, acheter des produits coûteux et superflus, avoir un cancer du poumon ou quelque autre maladie, écouter les jérémiades continuelles de nos épouses au sujet de leurs jambes enflées et de la laverie toujours bondée. L'Europe était en pleine pénurie énergétique, il y faisait froid, et pour ce qui était de la démocratie occidentale, inutile de partir d'ici, l'organisation de ce camp est bien meilleure. Il marmonna qu'en ce qui le concernait, aucune des deux chambres du Parlement britannique ne lui manquait le moins du monde ! Il évoqua encore l'entrée de la Grande Bretagne dans la C.E.E et se mit presque en colère : nous étions complètement fous de vouloir quitter cette île !
Je lui fis remarquer que tout n'était pas parfait dans ce camp. Par exemple, nous n'avions pas la télévision.

- La télévision ! Mais qu'est-ce que nous y verrions ? Le spectacle de la souffrance humaine, entrecoupé de divertissements de rires absurdes et insensés, de publicités ! Bien sûr, il y a aussi des émissions intéressantes. Moi, par exemple, j'aimais bien les documentaires sur la nature et les animaux, ou sur des régions du monde comme celle où nous nous trouvons aujourd'hui. Mais devons-nous retourner en Europe uniquement pour pouvoir regarder la télévision et constater à quel point notre situation était enviable !


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Petit déjeuner chez Tiffany

Truman CAPOTE


Le ciel était rouge le vendredi soir, et il tonna. Et le samedi, jour du départ, la ville oscillait dans des rafales diluviennes. Des requins auraient pu nager dans les airs, bien qu'il semblât improbable qu'un avion osât s'y risquer.


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Dôme

Stéphen KING


Rupe était un trouduc de niveau modéré, Denton de niveau sévère.


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Au bonheur des orgres

Daniel PENNAC


Les horaires de la vie devraient prévoir un moment précis de la journée, où l'on pourrait s'apitoyer sur son sort. Un moment spécifique. Un moment qui ne soit occupé ni par le boulot, ni par la bouffe, ni par la digestion, un moment parfaitement libre, une page déserte où l'on pourrait mesurer peinard l'étendue du désastre.


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Jésus m'aime

David SAFIER


En me réveillant dans ma chambre d'enfant, je sus que le doute n'était plus permis : j'étais une L.I.M.A.C.E (Loque Incapable de se Marier et d'Avoir Confiance en Elle)


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Maudit Karma

David SAFIER


(Alors que le personnage est une fourmis, en face d'une autre fourmis)
Je sentis son haleine et me mis à souhaiter que quelqu'un inventât et mît rapidement sur le marché un bain de bouche pour fourmis.


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Tout le monde est occupé

Christian BOBIN


Marie, mère de Dieu, se dit que son fils exagère de laisser arriver de tels malheurs, elle se dit qu'elle l'a mal élevé, une fessée de temps à autre ne lui aurait pas fait de mal, elle se dit que ce n'était pas son rôle mais celui de Joseph et que Joseph, à part son atelier de menuiserie, n'est-ce pas, il se la coulait douce, les pieds sous la table et le cri ancestral, archaïque, éternel : "Qu'est-ce qu'on mange aujourd'hui ?"


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Vous descendez ?

Nick HORNBY


Les parents ont toujours leur chouchou, pas vrai ? Ce n'est pas possible autrement. Comment Mr et Mme Minogue pourraient ne pas préférer Kylie à l'autre ?


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jPod

Douglas COUPLAND


// Vous entendez toujours parler de "suivre ses rêves", mais que se passe-t-il quand votre rêve est ennuyeux ?

// Parfois j'ai trop la flemme de me maquiller. Et donc, pour compenser, je m'habille simplement comme une salope.


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La grand-mère de Jade

Frédérique DEGHLET


// J'ai bien reçu votre déclaration d'amour mais pourriez-vous me passer votre déclaration de revenus dans votre prochain courriel ?

// Mon envie est freinée par mon incompétence de vieille.


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