Nymphéas noirs

Michel BUSSI


// Je reste là longtemps, à savourer le calme éphémère, je ne sais pas combien de temps, plusieurs minutes au moins jusqu'à ce qu'arrive un joggeur. Il passe devant moi, MP3 vissé sur les oreilles. Tee-shirt. Baskets. Il a surgi dans la prairie comme un anachronisme. Il est le premier de la journée à venir gâcher le tableau, tous les autres suivront. Je lui adresse juste un petit signe de tête, il me le rend et s'éloigne dans un grésillement de cigales électroniques qui s'échappent de ses écouteurs.

// Une vie, tu sais, Fanette, c'est juste deux ou trois occasions à ne pas laisser passer.

// J'ai mon idée, coupe Fanette. Je vais peindre des "Nymphéas" ! Mais pas de façon vieillard, à la Monet. Je vais peindre des "Nymphéas" de jeune !

// Je m'arrête devant le Baiser. Je ne vous parle pas de cette étreinte en paillettes de Klimt, bien entendu, cette espèce d'affiche pour parfum capiteux. Non. Je parle du Baiser de Steinlein.



















Le Baiser, Steinlein


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