Chère mamie

Virginie GRIMALDI

// Chère mamie,
J'espère que tu vas bien et que papy aussi.
Hier, c'était Carnaval à l'école de mon cher enfant.
Je le savais, mais je l'avais oublié, comme à peu près tout ce qui est important (alors que je connais par coeur les chansons de Lorie).

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Derrière les portes

B.A PARIS

// Il n'a pas tardé à devenir un élément récurrent de mon existence. Il était facile à aimer. Il avait un côté un peu vieillot que je trouvais rafraîchissant - il m'ouvrait les portes, m'aidait à enfiler mon manteau et me faisait porter des fleurs.

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Chronique d'hiver

Paul AUSTER

// Oui, tu bois trop et tu fumes trop, tu as perdu des dents sans te soucier de les faire remplacer, ton régime alimentaire n'obéit pas aux préceptes de la sagesse nutritionnelle contemporaine, mais si tu évites la plupart des légumes, c'est simplement parce que tu ne les aimes pas et que tu trouves difficile, sinon impossible, de manger ce que tu n'aimes pas.

// La plupart des gens, y compris ta femme avec son infaillible boussole interne, semblent se déplacer sans problème. Ils savent où ils sont, où ils sont allés et où ils vont, mais toi tu ne sais rien, tu es perdu à jamais dans l'instant, dans le vide de chaque moment successif qui t'engloutit, sans l'ombre d'une idée de l'endroit où se trouve le véritable nord, puisque les quatre points cardinaux n'existent pas pour toi, n'ont jamais existé pour toi. Jusqu'à présent, ce n'est là qu'un infirmité mineure, pour ainsi dire sans conséquences dramatiques, ce qui ne signifie pas que ne viendra pas un jour où tu passeras accidentellement par-dessus le bord d'une falaise.

// Viennent ensuite les années invisibles, les trois ou quatre premières années de ta vie, cette époque muette qui précède toute possibilité de souvenir, et par conséquent tu ne peux te fonder sur rien d'autre que sur les diverses histoires que ta mère t'as racontées plus tard [...].

// Certains souvenirs te sont si étranges, si improbables, tellement loin du domaine du plausible, que tu as du mal à les réconcilier avec le fait que c'est bien toi qui as vécu les événements dont tu te souviens.

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Hygiène de l'assassin

Amélie NOTHOMB

// Les écrivains sont obscènes; s'ils ne l'étaient pas, ils seraient comptables, conducteurs de train, téléphonistes, ils seraient respectables.

// Prenons Homère : en voilà un qui n'a jamais été aussi célèbre. Or, vous en connaissez beaucoup, de vrais lecteurs de la vraie Iliade et de la vraie Odyssée ? Une poignée de philosophes chauves, voilà tout - car vous n'allez quand même pas qualifier de lecteurs les rares lycéens endormis qui ânonnent encore Homère sur les banc d'école en ne pensant qu'à Dépêche Mode ou au sida.

// La plupart des gens ne lisent pas. À ce sujet, il y a une citation excellente, d'un intellectuel dont j'ai oubié le nom : " Au fond, les gens ne lisent pas; ou s'ils lisent, ils ne comprennent pas; ou, s'ils comprennent, ils oublient."

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Le portrait de Dorian Gray

Oscar WILDE

// Je choisis mes amis pour leur allure, mes connaissances pour leur réputation et mes ennemis pour leur intelligence.

// Chaque catégorie d'invités aurait prêché l'importance de vertus qu'ils n'avaient pas besoin d'exercer eux-mêmes. Les riches auraient parlé de l'utilité d'être économe et les oisifs auraient loué avec éloquence la dignité du travail.

// Elle riait nerveusement en parlant et elle l'observait avec ses yeux vagues, couleur de ne-m'oubliez-pas.

// J'ai posé ma question pour la meilleure raison possible, en fait pour la seule raison qui justifie n'importe quelle question : par simple curiosité.

// Pour retrouver ma jeunesse, je ferais n'importe quoi au monde, sauf prendre de l'exercice, me lever tôt ou mener une vie respectable.

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La fille de Brooklyn

Guillaume MUSSO

// Nous évoluions dans deux mondes différents. J'étais un homme de papier; elle était une femme digitale. Je gagnais ma vie en inventant des histoires; elle gagnait la sienne en mettant au point des microprocesseurs aussi fin que les cheveux d'un nourrisson.

// Sabato avait sans doute raison : "La vérité est parfaite pour les mathématiques et la chimie, mais pas pour la vie."

// Aimez-moi plus qu'avant, puisque j'ai de la peine (Georges Sand).

// Le genre d'image poignante qui me rappelait combien, pendant longtemps, j'avais détesté les appareils photo, ces machines cruelles à créer de la nostalgie. Leurs milliers de déclics trompeurs figeaient dans l'instant une spontanéité déjà évaporée. Pis, tels des fusils à double détente, ils n'atteignaient souvent leur cible que des années plus tard, mais touchaient toujours le coeur.

// Lorsque le silence s'installa, elle se recoiffa avec ses longs doigts telle une princesse un lendemain de cuite.

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La poursuite du bonheur

Douglas KENNEDY

// Ah, la vie de famille ! Une toile d'araignée en expansion continuelle, faite de confidences successives et de "ne dis pas à ton frère que je te l'ai dit, s'il te plaît...".

// À vingt-deux ans je n'étais pas prête à prendre un aller simple pour l'univers conjugal sans même envisager d'autres destinations.

// Le bord de mer est excellent, en général. Je vous assure que d'après moi une bonne promenade sur la plage vaut cinq heures passées sur le divan d'un psychiatre.

// Ce dont j'étais sûre, c'est que rien ne marche quand on laisse son coeur parler à la place de sa tête, et rien non plus lorsqu'on permet à sa tête de prendre le pas sur son coeur. Résultat ? Nous avons toujours faux, peut-être. Nous enchaînons erreur sur erreur.

// À l'époque, les meilleures places dans un théâtre de Broadway ou à Carnegie Hall ne dépassaient pas les deux dollars cinquante. La place de cinéma était à soixante cents, le petit déjeuner au café grec de ma rue en coûtait quarante - oeufs brouillés, bacon, toasts, jus d'orange et café à volonté -, un splendide dîner pour deux au Luchows revenait à huit dollars maximum...

// Pourquoi essayons nous toujours de nous montrer courageux à des moments où le courage ne signifie plus rien ?

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La disparition de Stéphanie Mailer

Joël DICKER

// C'était un grand baratineur, il était capable de faire bonne impression en surface. Il aurait vendu de la neige à des Esquimaux, mais il aurait été incapable de leur livrer la neige si vous voyez ce que je veux dire.

// Quand je pense à la petite fille curieuse que tu étais ! regretta Jerry. Quelle malédiction que cette génération obsédée par les téléphones et les réseaux sociaux ! Vous ne lisez plus, vous ne vous intéressez plus à rien d'autre qu'à prendre votre déjeuner en photo. La belle époque !

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Un appartement à Paris

Guillaume MUSSO

// Serrés comme des sardines, dégoulinants de pluie, les passagers s'étaient résignés à boire le calice jusqu'à la lie. Pressant son sac contre lui, Gaspard songea à la définition de l'homme par Dostoïevski  : "un être qui s'habitue à tout". À se faire écraser les pieds, à être bousculé, à ce qu'on lui éternue au visage, à transpirer avec des inconnus dans un étouffoir, à partager une barre métallique pleine de microbes...

// Je titube. Je voudrais m'asseoir mais les bancs publics d'autre fois ont étés enlevés. L'époque est comme ça : elle ne tolère plus les coups de fatigue et n'offre plus d'abris à ceux qui sont blessés.

// "La solitude a deux avantages : d'abord d'être avec soi-même, ensuite de n'être pas avec les autres." (Schopenhauer)

// [À propos de New York] : Je sors du taxi et c'est probablement la seule ville qui est mieux que sur les cartes postales. (Milos Forman)

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Jeux de miroirs

Eugen Ovidiu CHIROVICI

// Je crois que, pour la plupart d'entre nous, devenir adulte signifie hélas acquérir la faculté d'enfermer ses rêves dans une boîte et de la jeter dans l'East River. Je n'étais manifestement pas destiné à être l'exception qui confirme la règle.

// Âgée d'une quarantaine d'années, elle avait des traits réguliers mais quelconques - le genre de visage qu'on oublie sitôt après l'avoir vu.

// Grand et maigre, il m'a tout de suite fait pensé à un acteur ayant toujours décroché des rôles secondaires, dans la catégorie du flic vieillissant qui soutient discrètement le héros dans sa lutte contre les méchants et inspire la confiance sans qu'on sache trop pourquoi, vu qu'il n'a qu'une ou deux répliques à dire.

// Plus tard, tout en cherchant d'autres informations sur Internet sans vraiment me concentrer sur ma tâche j'ai repensé à Sam. Je revoyais son sourire, la couleur changeante de ses yeux, la petite marque de naissance sur son épaule gauche... Pourtant, j'avais le sentiment étrange que les images commençaient déjà à s'estomper, qu'elles avaient trouvé leur place dans la chambre secrète des chances gâchées - celle dont on finit par jeter la clé tant les souvenirs qu'elle renferme sont douloureux.

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Frappe-toi le coeur

Amélie NOTHOMB

// Elle étudiait le secrétariat, ce qui ne présageait rien - il fallait bien étudier quelque chose.

// La jalousie n'a aucun besoin d'un motif.

// "La bétise, c'est de conclure", a écrit Flaubert. Cela se vérifiait rarement autant que dans les querelles, où l'on identifiait l'imbécile à son obsession d'avoir le mot de la fin.

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La bibliothèque des coeurs cabossés

Katarina BIVALD

// N'est-ce pas amusant qu'un livre voyage davantage que sa propriétaire ? Je ne sais pas si cela est réconfortant ou inquiétant.

// Ne vous inquiétez pas, ajouta-t-elle après une pause. Vous vous exprimerez bien dans l'article. Dès que j'aurai trouvé ce que vous allez déclarer.

// Comme si dix-sept années de sa vie disparaissaient en même temps que cette librairie, comme si tout ce qu'elle avait jamais été se trouvait sur les rayonnages grisâtres d'une boutique poussiéreuse, dans ces clients qui achetaient quatre poches pour le prix de trois l'été et n'importe quel ouvrage relié et tape-à-l'oeil pour Noël.

// Il se demandait si au fond, il y avait de l'avenir quelque part, si les gens étaient plus heureux dans les grandes villes où ils chassaient sans cesse un nouvel emploi, une nouvelle maison et une nouvelle épouse.

// Peut-être une pause hors de la "civilisation", quelques années de temps à autre, nous ferait-elle du bien à tous.

// Il la dévisagea tel un homme en pleine noyade auquel on vient de lancer une bouée de secours sur la tête et qui continue donc de se noyer, avec en prime une migraine

// Le truc c'est juste de continuer à trimer. Quand on s'arrête et qu'on réfléchit trop, alors les problèmes commencent.

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Une fille dans la jungle

Delphine COULIN

// Elle a passé la main sur son estomac, devenu animal à apprivoiser.

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Les désarrois de Ned Allen

Douglas KENNEDY

// Son appartement était au premier. Exigu, encombré de vieux meubles d'occasion et de séchoirs à linge. Il y avait une télé et un magnétoscope dans un coin, rescapés de la préhistoire de l'audiovisuel.

// Secouant la tête d'un air dégoûté, elle a sifflé entre ses dents l'insulte suprême pour les vrais New-Yorkais : " Touriste ! "

// " Tu as l'air en pleine forme. "
Plus, même. Bronzée, fraîche, élancée, elle avait l'air d'une femme qui dort ses huit heures par nuit et consomme la ration adéquate de légumes verts et de fruits.

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