La femme qui fuit

Anaïs BARBEAU-LAVALETTE

// Comment as-tu fait pour ne pas mourir à l'idée de rater ses comptines, ses menteries de petite filles, ses dents qui branlent, ses fautes d'orthographe, ses lacets attachés toute seule, puis ses vertiges amoureux, ses ongles vernis, puis rongés, ses premiers rhums and coke ?


// Dans ton cours de dessin, le professeur s'applique à vous apprendre à tracer une pomme et un chapeau. Tu te questionnes sur la pertinence de ce duo.


// Il te semble sur le bord de pleurer, mais il a l'âge des yeux humides, alors tu n'en es pas certaine.


// Marcel lui dit de se taire, mais il ne parle pas assez fort pour qu'elle lui fasse de la place.


// Tes mains fébriles apprivoisent les gestes neufs.  


// Dehors il fait mauve. Le jour est beau, il aurait dû pleuvoir.


// [...] deux vieillards [...] montent à bord [du bus] en s'excusant. Ils ont la présence effacée des existences en pointillé. Ils ont traversé la vie sans faire de bruit en se tenant la main. Ils ont souri quand il fallait. Ils ont peu pleuré et jamais crié. Ils s'assoient côte à côte comme d'habitude. Leur odeur se confond et ils pensent en choeur à des choses qui ne dérangent personne. Tu ne veux pas mourir comme eux. Ordinaire.


// Il n'a pas pris soin de son sourire qui ne sert à personne.


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