Les Chutes

Joyce Carol OATES

// Dirk savait qu'Ariah Erskine ne pleurait pas. C'était une femme économe qui ménageait ses larmes.


// Comme à la plupart des femmes belles et riches, on lui avait pardonné ses défauts et ses faiblesses de caractère, et ce n'était qu'après avoir commencé à perdre sa légendaire beauté qu'elle s'était désespérément efforcée, durant un an ou deux, d'être "bonne".


// Elle s'émerveillait d'avoir retenu, dans ses bras-là, un homme aussi remarquable.


// De retour dans la salle de séjour, Mme Burnaby s'assit à côté de son petit-fils, avec la raideur d'un mannequin de cire dont les membres inférieurs n'ont qu'une flexibilité limitée.


// Quelque chose préoccupait son mari, et Ariah trouvait réconfortant de savoir qu'il ne l'y mêlerait pas.


// La veille, elle était d'humeur pleureuse. Pas malheureuse, juste pleureuse. Elle savait par les autres mères du parc (beaucoup plus jeunes qu'Ariah pour la plupart) que tout le monde avait envie de pleurer de temps en temps, lorsqu'on est une femme, c'est permis.


// Ariah aimait les téléphones débranchés. Elle se sentait protégée, en sécurité. Les téléphones qui sonnaient la rendaient nerveuse.


// [...] dans les films, il y a des gros plans et des plans éloignés, des "plans d'ensemble", des fondus au noir, des changements de séquence brutaux et bienvenus. Il y a une musique sous-jacente qui indique les émotions que l'on est censé éprouver. Dans ce qu'on appelle la vie, le cours du temps est continu comme celui du fleuve qui se précipite vers les Chutes, et au-delà. Impossible d'échapper à ce fleuve.


// Il avait le genre de cerveau labyrinthique où les idées errent longtemps avant d'être mises en pratique. 


// Son visage s'était fermé comme un store que l'on baisse.


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