Poupée volée

Elena FERRANTE

// [...] elle ne pouvait pas grandir seule, c'était trop triste, il lui fallait un frère ou une soeur pour lui tenir compagnie. Voilà pourquoi, tout de suite après elle, obéissante, je programmai, oui, c'est vraiment le mot, je programmai que dans mon ventre Marta allait croître elle aussi.


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Mad

Chloé ESPOSITO

// De toute manière, à quoi bon aller à l'école ? Ça n'a plus aucun intérêt aujourd'hui, à l'ère d'Internet. Le Web sait tout sur tout. C'est incroyable tout ce qu'on peut y apprendre, et ce, sans avoir à se coltiner les poux, l'uniforme et la cantine dégueulasse.


// Qui t'accompagneras Alvina ? Il faut que je le sache, pour dessiner les plans de table/rédiger les invitations/te pomper l'air.


// — [...] tu piges ?

— Je pige.

Je ne pige rien du tout.


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Les lieux sombres

Gillian FLYNN

// Le seul soupçon que je nourrissais à l'égard de Jim Jeffreys, c'est qu'il devait être chrétien, bigot — il avait la patience et l'optimisme de quelqu'un qui pense que Jésus n'est pas loin.


// Lyle Wirth avait une allure de tueur en série. Ce qui signifiait qu'il n'en était sans doute pas un.


// Une semaine après avoir accepté de rencontrer Ben, je rencontrais Ben.


// Je me suis assise : la chaise avait gardé la moiteur de la personne précédente, la chaleur du plastique donnait une impression d'intimité répugnante dans cet endroit.


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La vie dissimulée

Marinca VILLANOVA

// Tel un géant inoffensif, il soulève et déplace les meubles aussi facilement qu'un copier-coller sur son ordinateur.


// Ma journée se déroule sans moi, dans l'attente que le soir arrive.


// Je voudrais lui envoyer mes meilleures pensées, sincère affection, félicitations pour cet heureux évènement, happy birthday, toutes ces phrases merveilleuses écrites sur les cartes de voeux aux caisses du supermarché.


// Sur cette photo, on est tous les quatre, je ne sais pas qui nous a photographiés. À tous les coups, quelqu'un a dit "cheese" parce qu'on a le même sourire.


// Je m'attends à voir Solène passer une tête par la fenêtre de l'établissement, elle aurait maintenant les cheveux longs relevés en un chignon improvisé, celui que l'on forme sans y penser au milieu d'un cours de maths, quand il faut se concentrer.


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Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué

Howard BUTEN

// Tout le monde avait les trouilles pasque peut-être qu'il allait y avoir des bombes. J'avais les trouilles seulement personne ne le savait. Je suis un bon acteur, moi personnellement je trouve.


// Elle est très vieille et parle juif, alors je comprends pas, sauf que des fois elle parle anglais et je comprends pas non plus. Elle devrait avoir des sous-titres, moi personnellement je trouve.


// J'ai passé une porte où qu'y avait d'écrit escalier. C'était un escalier.


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Mon mari

Maud VENTURA

// Le mardi est un jour belliqueux. Pas besoin de chercher des explications compliquées : sa couleur est le noir et son étymologie latine nous apprend que c'est le jour de Mars, le dieu de la Guerre. La prise de la Bastille a eu lieu un mardi. Le 11 septembre 2001 aussi.


// J'ai commencé par me familiariser avec la structure de la pensée de l'autrice. J'ai découvert ses expressions préférées, la manière dont elle aime commencer ses phrases, les répétitions qu'elle n'arrive pas à réprimer, les tournures qu'elle affectionne. Je suis entrée dans sa tête, je me suis approprié ses raisonnements jusqu'à en révéler la mécanique d'ensemble. Après plusieurs mois de travail, je peux enfin dire que j'ai adopté ses mimiques de voix.


// [...] parmi tous les rituels de la vie en commun, la danse très réglée du repas de famille est celle qui m'ennuie le plus.


// [...] ma vie est parfaitement normale. Rien ne déborde. Aucune incohérence, aucune manie, aucun indice flagrant qui puisse témoigner d'un trouble de la personnalité. Je mange équilibré, je ne suis pas une mère angoissée pour ses enfants, je n'ai pas de problème pour jouir lors de mes rapports sexuels, je ne suis pas hypocondriaque. Mes amis m'adorent, mes collègues m'apprécient, je n'ai aucun fétiche sexuel particulier, je n'ai pas peur d'être seule chez moi le soir, j'ai pardonné leurs erreurs à mes parents, je suis proche de mes soeurs, je ne suis pas envieuse, je ne suis pas distraite, je n'ai pas de problème avec l'alcool et je ne fume que très occasionnellement.


// [...] quel enchaînement de faits plus ou moins hasardeux a pu conduire à l'existence de cette photo ? [...] ils viennent de finir leur plat, attendent la carte des desserts, et il se dit tout à coup : "Ma femme est si belle ce soir qu'il faut absolument que j'immortalise ce moment. Je veux garder un souvenir de ce sourire et de cette lumière pour l'éternité."? Ou alors, c'est peut-être elle qui lui a suggéré de prendre une photo pour l'envoyer à leur groupe WhatsApp familial ?


// Le parquet en bois massif qui craque et l'escalier qui grince me permettent de toujours savoir où mon mari se trouve. Ma maison semble avoir été conçue par un architecte soucieux de ne jamais être pris par surprise.


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On noie bien les petits chats

Françoise GUÉRIN

// Il se sert un café, et vient s'asseoir à la table où tu termines ton thé bon marché parfumé à rien.


// Tu te redresses d'un bloc, sans égard pour la cicatrice qui se réveille en même temps que toi.


// Depuis qu'il est à la retraite, ton père passe son temps à traquer des complots sur la toile.


// De toute façon, les mecs vraiment bien, y a toujours quelqu'un qui les a vus avant. Moi, j'me tape les invendus. Les mecs en solde. Y en a des pas mal, remarque...


// Il a la conduite nerveuse de ceux qui décident que la route a été dessinée pour eux.


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Vertes Prairies

Cécile CHÉRI-DUBOURG

// Un Papa ça prend ses enfants dans ses bras le matin et le soir, ça console, ça chahute, ça gronde aussi. Le sien ne faisait rien de tout ça. Le sien était totalement absent de son quotidien. Une fois par an, il prenait la forme d'un chèque.




Les dévorantes

Marinca VILLANOVA

// Emma se demande à quel moment le film de sa vie va commencer, car assurément ce ne peut pas être cela, juste cela.


// Quand le temps de permet pas de sortir, Angèle accueille Madeleine et son caniche à la maison, elle doit tolérer cette erreur canine pour accéder à sa maîtresse.


// Et puis qui sait, après tout ils ont tous les deux une quarantaine d'années, ils pourraient se trouver des points communs. Un peu comme ces enfants du même âge dont on attend qu'ils soient provisoirement des camarades de jeu, pour arranger les parents.


// On sonne à la porte, Angèle souffle et peste après la saleté des rues, "la gueule des Parisiens", la pollution, la circulation impossible alors qu'elle n'a pas le permis et ne se déplace qu'en métro. Tout y est, elle vient à Paris comme on part en forêt, pantalon, chaussures de marche, gros pull et K-way, il faut bien affronter la capitale "qui est devenue moche" depuis qu'elle n'y habite plus.


// Angèle ne nomme jamais Héloïse, elle dit "la petite", comme un objet sans importance qu'on pose dans un coin.


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Comment tu parles de ton père

Joann SFAR

// Il ne faut pas, sciemment, mentir à son gosse. Sinon ensuite il passe sa vie à raconter des histoires.


// [...] à l'enterrement de papa, je n'ai rien dit. Tout d'abord parce qu'il y avait du vent. Et puis parce que le public ne m'inspirait pas.


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Les Muses

Alex MICHAELIDES

//  Je vais rendre visite à quelqu'un. À ma nièce.

 Oh, vous êtes tante.

Il avait l'air soulagé d'avoir pu placer Mariana dans une catégorie.


// Elle a épousé un homme qu'elle connaissait à peine. Il l'a emmenée loin de tous ceux qu'elle connaissait.


// L'amour est inconditionnel, lui avait rappelé Ruth. On n'est pas censé avoir besoin de faire des efforts pour satisfaire quelqu'un.


// Ruth disait qu'on ne peut pas forcer son pardon, on l'éprouve spontanément, comme un acte de grâce, et il arrive seulement quand on est prêt.


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Le chant du poulet sous vide

Lucie RICO

// Elle n'a parlé à personne depuis plusieurs jours (par texto cela n'échauffe pas la voix), il faut stimuler ses cordes vocales au repos, solliciter la partie sociale du cerveau.


// Le poulet est le seul animal qui porte le même nom vivant et en viande. Cette coïncidence est malheureuse. Quand Paule dit qu'elle élève des poulets, il faut toujours que l'on pense à de la nourriture.


// Louis est un vrai citadin incapable de nommer les arbres et les animaux. Ce qui lui est étranger il dit que c'est beau, que c'est drôle. Pour lui, les poulets sont théoriques.


// Les poulets obtiennent l'appellation bio. [...]. Cela fait un logo de plus à positionner sur l'emballage et moins d'espace pour la biographie. 


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Le choix

Viola ARDONE

// Les animaux parlants, je suis contre, parce que le bon côté des bêtes c'est qu'elles restent tout en silence, comme mon père.


// J'ai plissé les yeux comme pour viser le chas d'une aiguille.


// Les règles du mariage c'est : mets ta robe blanche, remonte la nef jusqu'au curé et dis oui.


// Les règles des enterrements c'est : habille-toi en noir, fais tes condoléances et pleure de vraies larmes.


// Les règles de l'église c'est : lève-toi quand le prêtre dit "levez-vous", assieds-toi quand il dit "asseyez-vous" et ne décolle pas l'hostie de ton palais avec ta langue après l'eucharistie.


// Dire oui, même un âne sait le faire, alors que dire non est difficile, mais une fois qu'on a commencé on n'arrête plus.


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Et je danse, aussi

Anne-Laure BONDOUX & Jean-Claude MOURLEVAT

// J'ai la conviction qu'on croise au quotidien ou presque des Proust, des Kafka, des Faulkner qui ne le savent pas et qui restent agents immobiliers, professeurs de judo ou moniteurs d'auto-école. J'exagère à peine. À l'inverse, je connais pas mal d'écrivains qui sont les seuls à penser qu'ils le sont, mais c'est un autre sujet.


// Je sais [...] qu'elle a 45 ans, qu'elle habite Toulouse et qu'elle est encore mariée mais bon.


// Je te laisse, j'entends le camion du gars qui m'apporte le bois, pour ma terrasse. Je la refais. Nicolas va venir m'aider. Je suis curieux de voir ce qu'on va trouver en démontant l'ancienne. Trente-cinq ans de petits objets passés entre les lames !


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Café sans filtre

Jean-Philippe BLONDEL

// Alors j'ai répondu - par écrit. Je déteste ces vocaux qui poussent les utilisateurs de téléphone à tenir leur appareil à l'horizontale, et à faire profiter les personnes alentour de leurs conversations.


// J'ai ce côté gendre idéal que je ne suis doublement pas (ni marié, ni parfait) [...].


// D'un côté, les quartiers avec [...] la piscine avec le premier "i" qui manque, si bien qu'on rigole tous en déclarant qu'on peut pas, on a pscine.


// On s'est retrouvé tous les deux sur son canapé quelques jours plus tard, à mater jusqu'au milieu de la nuit des séries télévisées dont on mélangeait les intrigues.


// C'est elle qui m'a apprit les temps de respiration. Pause. Demi-pause. Blanche. Soupir.


// [...] j'imagine José penché sur un papier, rédigeant des phrases à une époque où les messages ne dépassent pas une dizaine de mots.


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L'occupation

Annie ERNAUX

// Donner un titre aux moments de sa vie, comme on le fait à l'école pour les passages littéraires, est peut-être un moyen de la maîtriser ?


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La honte

Annie ERNAUX

// À Rouen, plus proche et plus importante que Le Havre, il y a tout, c'est-à-dire des grands magasins, des spécialistes de toutes les maladies, plusieurs cinémas, une piscine couverte pour apprendre à nager, la foire Saint-Romain qui dure un mois en novembre, des tramways, des salons de thé et des grands hôpitaux où l'on emmène les gens pour les opérations délicates, les cures de désintoxication et les électrochocs.


// Être comme tout le monde était la visée générale, l'idéal à atteindre. L'originalité passait pour de l'excentricité, voire le signe qu'on a un grain.


// Je n'allais chez aucune fille et aucune fille ne venait chez moi. Mais on ne se fréquentait pas en dehors de l'école, sauf à emprunter un itinéraire commun. Il n'y avait que des amitiés de trajet.


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Changer l'eau des fleurs

Valérie PERRIN

// "Quoi que je fasse, où que tu sois, rien ne t'efface, je pense à toi" de Jean-Jacques Goldman et "Les étoiles entre elles ne parlent que de toi" de Francis Cabrel sont les paroles des chansons les plus reprises sur les plaques funéraires.


// Après la fermeture des grilles, le temps est à moi. J'en suis l'unique propriétaire. C'est un luxe d'être propriétaire de son temps. Je pense que c'est un des plus grands luxes qu'un être humain puisse s'offrir.


// En me couchant, je pense que je n'aimerais pas mourir au milieu de la lecture d'un roman que j'aime.


// Nous n'avions absolument rien à nous dire. Nous ne serions jamais amies. Nous resterions deux vies qui se frôlaient chaque jour.


// Quand j'étais jeune, j'ai voulu faire comme tout le monde, je me suis mariée. En voilà une belle connerie, une idée stupide : faire comme tout le monde. Les bonnes manières, les faux-semblants et les idées reçues sont des assassins.


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