Ravie

Sylvie OHAYON

// Je me suis réveillée, la nuit tombait. 17 heures, mon matin est un soir.

// J'ai souri en pleurant (ce qui est une mécanique difficile à maîtriser, un truc d'auteur à oscar).

// Il cherchait un ventre pour faire pousser ses enfants, je cherchais un homme pour combler mes lacunes scolaires, je ne ferais pas carrière, j'étais mauvaise élève,  je cherchais un homme qui parlerait à ma place, me tiendrait par le bras, un homme pour me montrer les choses, compenser les absences de mon paternel et, au passage, me loger sous des dorures

// Il comblait l'attente. Les gens ne gardent plus jamais leur nez en l'air depuis que les téléphones sont devenus des ordinateurs.

// Nos éducations opposées partent en fumée, on a beau venir de mondes complètement différents, enfants, on a aimé les mêmes bonbons.

// Elles accoucheront dans un bain de larmes d'amour et de gratitude, puis elles repartiront travailler, commenceront à gueuler sur leur mec "qui n'en fout pas une", sur les gosses qui ont encore oublié leurs devoirs-manteau-de se brosser les dents-de dire merci et de ranger leur chambre.

// Le bonheur, c'est comme le soleil, pour peu que vous sortiez de chez vous, il finit toujours par revenir vous chauffer les joues.

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Les Perroquets de la place d'Arezzo

Eric-Emmanuel SCHMITT


// Qu'est-ce qu'une copine ? Une jolie fille un peu moins jolie qu'Eve, maquillée dès l'aube, habillée à la mode, pas trop accaparée par son travail, ravie de sortir, disponible à l'heure du déjeuner quoique dotée d'un appétit de moineau, une sorte de soeur occasionnelle avec laquelle on discute de fringues ou de garçons. Un cran au dessus de la copine se trouvait la bonne copine, celle avec qui on prend un verre au bar vers dix-neuf heures en laissant les messieurs tenter leur chance. Encore au dessus se tenait la grande copine, celle à qui on raconte en détail ses histoires de coeur et de cul, celle qui, consolatrice, à n'importe quelle heure, viendra coucher à la maison lorsque les amants heurtent, déçoivent, désertent. Quand à la meilleure amie, c'était un modèle intérimaire, celle à qui l'on dit tout pendant un moment puis plus rien.

// Séverine n'avait jamais préparé les repas. Fille de riche, elle avait d'autant moins appris à cuisiner que la tâche lui paraissait au dessus de ses forces : élaborer pendant des heures ce qu'une bouche engloutirait en quelques secondes, quelle absurdité ! Si elle admirait les cuisiniers ou les cuisinières, ce n'était point pour leur maestria, mais pour ce culte de l'inutile, cette dévotion à une tâche farfelue, apprêter un festin qui serait aussitôt englouti. Des héros de l'inutile !

// Les enfants, c'est comme la télévision : c'est pas obligatoire. Personne n'est forcé de se pourrir la vie.

// Sans une forte dose d'hypocrisie, il n'y a plus de vie sociale.

// Y a escroquerie sur la marchandise. "Fleur des champs", ça sonne robuste, costaud, "produit du terroir". C'est du marketing, ça, madame, parce que la fleur des champs, ça ne vaut rien, ça ne ressemble à rien et ça ne survit que dans un champ ! Même appeler ça "fleur", c'est mensonger.


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