L'Ombre du vent

Carlos Ruiz ZAFON

// Moi qui n'étais jamais sûr de rien, même de l'heure, j'acquiesçai avec la conviction de l'ignorant.

// A dix ans, Julian annonça qu'il voulait devenir peintre, comme Velasquez, car, argumentait-il, il rêvait de réaliser les toiles que le maître n'avait pas eu le temps de peindre au cours de sa vie parce qu'on l'avait obligé à faire le portrait des débiles mentaux de la famille royale.

// Le petit homme me regarda comme si je l'avais interrogé sur la quadrature du cercle.

// Méchants, non, rectifia Fermin. Imbéciles, ce qui n'est pas la même chose. La méchanceté suppose une détermination morale, une intention et une certaine réflexion. L'imbécile, ou la brute, ne s'attarde pas à réfléchir ou à raisonner. Il agit par instinct, comme un boeuf de labour, convaincu qu'il fait le bien, qu'il a toujours raison, et fier d'emmerder, sauf votre respect, tout ce qu'il voit différer de lui, que ce soit par la couleur, la croyance, la langue, la nationalité ou, comme dans le cas de M. Federico, la manière de se distraire.

// Des années d'enseignement lui avaient donné le ton ferme et didactique de celui qui est habitué à être entendu mais se demande s'il est écouté.

// Le sot parle, le lâche se tait, le sage écoute.

// L'attente est la rouille de l'âme.

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