Bernadette a disparu

Maria SEMPLE


// Vous savez ce que c'est quand vous allez chez Ikéa, vous n'en croyez pas vos yeux de voir combien les prix sont ridicules, et, même si vous n'avez pas besoin de cent bougies chauffe-plat, le lot ne coûte que 99 cents ! Ou encore, ces petits coussins pleins de billes en je ne sais quelle matière toxique, ils sont si pimpants, et il y en a trois pour 5 dollars, et avant même de vous en rendre compte, vous avez dépensé 500 dollars, non parce que vous avez besoin de toute cette camelote, mais seulement parce que ce n'est pas cher !

// Il y a un an que je n'étais pas descendue en ville. Je me suis tout de suite souvenue pourquoi : le stationnement payant.
Non seulement il faut réussir à trouver une place (bonne chance !), se garer en épi en marche arrière (celui qui a inventé cette technique devrait être jetté en prison), trouver un horodateur qui n'est pas assiégé par un cercle aussi répugnant de mendiants / clochards / drogués / zonards, ce qui vous oblige à traverser la rue, or vous avez oublié votre parapluie (c'est encore une fois vos cheveux qui trinquent,  mais bon, comme vous avez arrêté de vous préoccuper de votre coiffure vers la fin du siècle dernier, c'est le cadet de vos soucis), ensuite vous glissez votre carte bancaire dans la machine (c'est un petit miracle si vous réussissez à en trouver une qui n'a pas été bouchée à l'époxy par quelque mécontent malintentionné), vous retournez à votre voiture (en repassant devant la horde susmentionnée, qui vous interpelle parce que vous ne leur avez pas donné la pièce en arrivant - et, oh, j'ai oublié de dire qu'ils sont tous flanqués de chiens galeux !), vous déposez le ticket à la bonne place (faut-il le mettre côté passager, à cause de la règle de l'épi en marche arrière, ou du côté conducteur ? Je lirais bien la note inscrite au revers du ticket de stationnement, seulement je ne peux pas, car FRANCHEMENT QUI EMPORTE SES LUNETTES POUR VOIR DE PRES POUR SE GARER ?) et, pour courroner le tout, vous priez le dieu auquel vous ne croyez pas d'avoir encore la capacité mentale de vous souvenir de la raison pour laquelle vous êtes descendue en ville en premier lieu.

// Paul,
Bonjour de Seattle l'Ensoleillé ou les femmes sont des "nénettes", les gens des "gars", où quand vous êtes fatigués vous êtes "nases", où quand les choses vont de travers elles sont "nasebroques", où on ne se dit pas "au revoir" mais "à plus", où vous avez le droit de lever le coude, mais pas de vous moucher avec, et où toute demande raisonnable ou pas, est accueillie par un "Z'inquiétez pas".

// Tu te demandes sans doute ce que je peux faire depuis vingt ans. Eh bien, j'ai résolu le dilemme entre espace privé et espace partagé dans la maison familiale.
Je plaisante ! Je passe mon temps à commander des conneries sur Internet.

// Luke et Mae nous ont fait un spectacle de marionnettes sur la drogue. Et il y avait cet âne qui disait comme ça : "Mais non, un petit pétard, ça fait pas de mal." Alors l'agneau lui répond que la vie est un bon petit plat, et que le pétard, c'est du caca. Et si on met un tout petit bout de caca dans le plat, même en mélangeant bien, est-ce qu'après vous aurez encore envie d'en manger ?

// "Très bien. Je prends les deux tiroirs du haut et toi les deux du bas. Je prends ce côté-ci du placard, et toi l'autre. Génial ! Il y a deux tiroirs dans la salle de bains. Je prends celui du haut.
- T'es pas obligé de faire des commentaires sur le moindre petit truc ennuyeux que tu fais, tu sais, j'ai répliqué. C'est pas un match de curling pour les JO. Tu es juste en train de défaire une valise."


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